• Editorial : Ils ont sauvé l’année...

    Refusant d’écouter leur cœur, et tenant au limogeage des violateurs des libertés, à l’amélioration de leurs conditions de vie et à la rétrocession de leurs sous défalqués, les enseignants grévistes,  n’avaient pas l’intention de démordre http://www.blogg.org/blog-47264-billet-conclusion_h%C3%A2tive_des_negociations_sur_les_ecrans_de_la_television___yayi_redoute_dit_il_le_face_a_face_avec_les_syndicalistes__-1516549.html ; mais on leur a demandé de « sauver l’année » pour éviter que les âmes innocentes, les apprenants, pâtissent de leur ardeurs vindicatives. Et patatras...ils ont repris l’un après l’autre, les chemins des classes, la mort dans l’âme, après deux mois environs de grève. Je les ai croisés qui dans la rue, qui sur le chemin de l’école, abhorrant un air de chasseur revenant bredouille de la chasse après, des jours et des nuits de battue. Alors « retourner dans les classes », dans de telles conditions, avec un colmatage du calendrier scolaire déséquilibré, en janvier, février et mars, équivaut à « mettre le pied sur l’accélérateur » ou «  rouler à vives allures sur une route caillouteuse, sans ceinture de sécurité ».  Les cours sont achevés à la va-vite pour certains, inachevés par ailleurs, en voie d’achèvement pour d’autres, compilés et balancés à d’autres encore, à quelques jours des examens de BEPC et du BAC ; le CEP 2014 qui a commencé à écrire son histoire depuis le lundi 23 juin 2014, se fera écrire d’autres histoires encore. J’espère qu’après coup, des résultats sulfureux comme ceux inscrits dans les archives de l’enseignement primaire du Bénin à 99%  de réussite ne viendront vous mettre la poutre aux yeux pour la vertu d’ « une année sauvée ». L’année scolaire 2013-2014 est sauvée ; et après ! Le reste, on s’en fiche. Voyons de très près les conséquences générées par une année scolaire perturbée, par un système éducatif malade et sous perfusion, avec des classes sans maîtres, les enseignants sans qualification et démotivés, des infrastructures inadéquates et insuffisantes. Un système éducatif aux prises avec des grèves cycliques, avec des revendications rangées au placard, a un impact certain sur le développement du pays. De nos jours, le niveau des élèves et des étudiants, sans ignorer celui des écoliers est en baisse drastique dans nos écoles. Le maître qui autrefois était fier de produire pour la nation des cadres valeureux et bien cultivés, a de nos jours honte devant les lacunes que traînent les apprenants qu’il a formés et la cruauté de leur carence intellectuelle. Oh, regretté Quartier latin de l’Afrique ! L’enseignement étant un art, si l’art vient à être dévalorisé par l’autorité que reste t-il que de le considérer comme un gadget, comme un art ordinaire, qu’on peut marchander et vendre à tout venant. C’est cela même le fondement de la question. Les résultats issus des derniers devoirs et des examens blancs sont assez évocateurs. « Si l’année peut prendre toute les couleurs, sauf la blanche », on comprend alors que par-dessus l’utile, on place l’agréable ; l’homme, le roseau le plus faible de la nature, devant l’agréable oublie l’utile ; ainsi l’année fut sauvée, sans condition et sans ménagement. L’année est sauvée, certes ; mais ça vaut un prix. L’éditorialiste attend avec grande impatience, les vraies statistiques issues des différents examens, pour voir si ce prix, vaut l’addition d’une bière.

    Par Martin Aïhonnou


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