• Le pardon du prisonnier

    Libéré sous caution, il réclame quelques jours plus tard à travers le petit écran, « justice pour avoir vécu des conditions exécrables de détention ». Il était pourtant une personnalité, pas comme vous et moi. Il avait cessé de jouir de ses prérogatives de fonctionnaire au sommet de l’Etat quand il fut rattrapé par la course pour répondre des charges portées contre lui. Il était l’alpha de la lépi, un dispositif informatique très sensible porteur actuellement de germes de division. Convoqué chez le juge la veille de son séjour carcéral, il se rend à l’évidence sur place qu’il ne devrait plus retourner voir femme, enfants et amis. A vol d’oiseau, il atterrit à la prison civile de Cotonou. Avant son séjour carcéral forcé, il était passé maître d’œuvre dans la popularisation et la vulgarisation de la Lépi ; mais à son grand désenchantement, il se retrouve derrière les barreaux à travers lesquels, il devait désormais réfléchir sur les conditions de sa détention permanente non informatisée plutôt que sur la Liste Electorale Permanente Informatisée. Eussé-je son conseiller, il n’aurait pas grand-chose à tirer de moi. A cette année de grande référence, il y avait plus grand conseiller que votre humble serviteur. Les ordres venaient plutôt d’en haut. Hélas ! Dans les geôles, son nom était devenu très célèbre parce qu’il mangeait et dormait avec la pègre, les divorcés sociaux et les bandits de grands chemin; un serviteur de la République, jeté en prison comme nous ! La pègre aura conclu que tout le monde est égal devant la justice. Celle-là qui est soutenue part le droit et qui est pourtant critiquée derrière les rideaux tirés par les citoyens marginalisés, innocemment foutus en tôles pour une raison ou une autre. Son long séjour derrière les barreaux, avec les geôliers qui lui donnaient des ordres a certainement fait de lui un écrivain. Il fera publier son premier chez-d’œuvre inspiré des géhennes de la prison civile de Cotonou dans les tous prochains jours. « Au nom du Bénin je pardonne », un slogan transformé en une littérature bien distillée au parfum des barreaux de la prison civile de Cotonou. Un pardon qui à tout l’air d’une histoire de déchéance, d’irréel, de superflu, de haine et de vanité. Pendant que la Lépi qui emprisonne court dans la rue, le pauvre serviteur de la République, resté jusqu’à présent à la disposition de la Justice, écrit « Au nom du Bénin je pardonne ». Le temps que les supposés bourreaux du prisonnier reçoivent son pardon, j’attendrai devant la librairie « Notre Dame » pour lire les premières pages de cet ouvrage.

    Par M.A

     

     


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  • Le débonnaire émergent

     

    Ecce Homo ! Voici l’homme ! Permettez-moi une fois encore d’emprunter un tour de latinisme pour préciser l’esprit de ma pensée. Le guide de l’émergence à l’avènement du gouvernement du changement au Bénin a le mérite d’être un débonnaire pas comme les autres : un débonnaire émergent avec des atouts de père de la nation, qui règle les problèmes aussitôt qu’on les lui pose ; de peur de frustrer son peuple, il l’adule et répugne la moindre déception de sa part. Alors pour lier ses faits et gestes, il n’hésite pas à faire des dons publics et à signer des chèques de milliards ; même sa générosité débordante a dépassé les frontières. Les 100 millions de dons faits au Togo, alors sinistré, continuent jusqu’à présent d’essuyer des semonces de la part de certains concitoyens. Et les 1 milliards à aller chercher en urgence à la présidence pour achever les travaux relatifs au stade municipal Charles de Gaulles, donnent l’impression au peuple que dans l’émergence, la générosité est débonnaire. Et le débonnaire émergent, lui-même, très connu dans les sphères de la BOAD, reçoit maintenant des coups de semonces supplémentaires sur sa gouvernance financière. Le mérite à lui reconnu par une partie de son peuple ont été mis à l’index au Fonds Monétaire International. Fut-il père de la nation, il doit arrêter de jouer au papa bonheur avec son peuple, a averti le Fonds. Les primes qui font courir actuellement  les fonctionnaires béninois doivent tenir dans la mesure pour la simple raison qu’elles constituent des goulots d’étranglement au plan social, constate encore le Fonds. Une bonne gestion des Finances publiques contrarie à coup sûr les élans de générosité débordante. Une partie du peuple aime et veut que de tels gestes de générosité tombent toujours sur leur tête, mais une autre partie les déteste sous prétexte qu’ils sont trop débonnaires. Mais contre toute attente, le Fonds s’interpose et juge ; voilà ce qui va freiner les élans du débonnaire émergent qui a rencontré au Fonds non pas un autre papa bonheur mais un débonnaire très tatillon.

    Par M.A


     

     

     


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  • Daddis Camara, le capitaine, le président, le chef de la junte, bientôt président élu (photo Afp/ légende Afriksenatorium)
    La junte au pouvoir en Guinée a réaffirmé jeudi à Ouagadougou que son chef, le capitaine Moussa Dadis Camara, resterait président et serait candidat à la prochaine élection présidentielle malgré les pressions internationales.

    Les Forces vives (opposition, syndicats, société civile) exigent le départ du président de la République (le capitaine Camara) mais cela n’est pas à l’ordre du jour pour nous", a déclaré à la presse le ministre-secrétaire permanent du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD, junte), le colonel Moussa Kéïta.

    "Le capitaine Dadis est président de la République, il est et il reste président de la République jusqu’à la prochaine élection présidentielle", a poursuivi le colonel.

    "Sa candidature aussi ne fait pas de doute malgré (le fait) qu’il ne se soit pas encore prononcé. Mais s’il se prononçait, sa candidature devrait forcément être acceptée parce qu’il est citoyen comme tout autre mais surtout un citoyen qui a rendu service à sa Nation", a-t-il insisté.

    M. Kéïta et onze autres membres de la junte ont remis jeudi soir au président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise guinéenne, de nouvelles propositions de la junte pour sortir la Guinée de la crise dans laquelle elle est enfoncée, depuis le massacre, selon l’Onu, de 150 opposants dans le plus grand stade de Conakry le 28 septembre.

    Par ailleurs, la junte a présenté au médiateur plusieurs conditions pour être candidat à l’élection présidentielle parmi lesquelles la limite d’âge.

    "Dans notre document nous avons dit que tous ceux qui sont susceptibles d’être impliqués dans des malversations économiques c’est-à-dire les anciens Premiers ministres et ministres ne seront pas candidats. Nous insistons et nous persistons et ce n’est pas négociable", a indiqué le ministre de la Communication du chef de la junte, Idrissa Chérif.

    "Nous avons aussi penché sur l’âge des candidats. Nous avons demandé que les postulants, ceux qui veulent être candidats à l’élection présidentielle, soient âgés de 40 ans minimum à 65 ans au maximum parce que nous voulons vraiment redynamiser la vie politique de notre Nation", a ajouté le colonel Kéïta. Source: AFP


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  • Clientélisme autour du palais

    Servir plutôt qu’être servi. Tel est leur leitmotiv. Ils sont à l’aise dans la peau du serviteur que du chef ; mais devant le peuple ils sont chef de parti ou président de mouvement politicien. Un paradoxe tout de même ! Après que le peuple a écouté leur confession de foi, ils s’en vont en file indienne exprimer leur allégeance totale au roi. Ministres, députés et politiciens, ils rivalisent d’ardeur dans ce clientélisme partisan. Ils forment autour du palais un hélix de micro partis et de mouvements politiciens pour empêcher que les velléités de l’ennemi d’en face n’emportent le fauteuil du roi, dans un ouragan que l’on croit être déjà à l’entrée de la cité. 2011 focalise toutes les attentions et déjà l’on brûle les énergies ; c’est dans cette perspective que les clients venus de Kétou, de Sakété, de Nati, de Dangbo, de Calavi, d’Atabor et de Dalala se décarcassent pour décupler la vitesse de l’hélix qui résistera à l’ouragan. Une lutte de Goliath et de David se profile donc à l’horizon et dans ce système de clientélisme partisan, les nouveaux clients se font porter sur l’hélix sans mesurer leur force de résistance. Les uns vont devant le peuple avec des présents, les autres, aux moyens de discours sentencieux, proclament l’échec de l’ennemi dès son apparition sur le champ de bataille. Une belle guéguerre que nourrit le clientélisme plutôt encenseur que louangeur. Douillettement assis dans son palais, le roi les regarde se jeter à corps perdu sur l’hélix qui devient particulièrement lourd à ses yeux. Embarrassé, il laisse faire, crayant la réaction éventuelle d’un client. En définitive, les clients revêtent une peau d’ours pour effrayer le roi. Instrument de chantage, les micros partis le sont aujourd’hui, et nul ne peut s’en douter. Le tournant de 2011 est symptomatique d’un tel comportement ; mieux, l’imminence d’un remaniement ministériel donne du souci à certains ministres au point où dans la précipitation, ils s’érigent en chef. Les petits chefs. La moralité est de vendre la peau de l’ours avant de le tuer. L’abus du multipartisme intégral proclamé à la Conférence des Forces vives de la Nation béninoise  de février 1990, court encore son chemin et les grands regroupements de partis sont loin de la cité. Que voulez-vous ? L’abus n’enlève pas l’usage, non ! Abusus non tollit usum ! Les clients aiment le roi et le roi aime la clientèle.

     Par M.A


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  • Les orgies présidentielles

     

    Du côté de la Terenga, un pot aux roses s’est éclaté et on me demande de ne pas en parler. Eh bien ! J’en parlerai ; d’ailleurs ma plume refuse d’arrêter de gratter ce coin de page blanchie. Une affaire de plusieurs milliers d’euros  a laissé des tâches d’huile sur le tarmac de l’aéroport international «  Léopold Sédar Senghor de Dakar ». La Terenga, terre d’accueil est dans l’exubérance de son hospitalité ; là-bas, des faveurs spéciales seraient accordées à des étrangers : des dons en nature de toutes sortes, des objets précieux mais aussi des numéraires sous scellés. Dans les régions de Pikine comme de Thyroyé, deux banlieues proches de Dakar, la nouvelle de la valise contenant des espèces sonnantes et trébuchantes évaluées à 133.000 euros, a plongé le petit citoyen dans un rêve au point où il se demande s’il est encore dans la République. Le prince donateur de ce montant colossal se morfond à l’idée que son hôte n’ait pas compris son geste de générosité. Alex Segura ose refuser une offre présidentielle : une faute de lèse-majesté qui met le prince en mauvaise posture devant le peuple. Ne pouvant décliner, in situ, un don numéraire douteux, le fonctionnaire international, hésite avant de dénoncer son généreux donateur dans les bâtisses du Fonds Monétaire International. Les démentis présidentiels n’ont pas pu changer l’opinion ni à Dakar ni à l’autre bout de l’Afrique sur une telle orgie. L’histoire retient qu’un aide de camp aura permis de lever le rideau sur les mystères que dessinent les palais. J’ai le ressentiment que l’Afrique est mise aux enchères et trahie ; certains princes vivent dans des palais somptueux, ignorant la misère du peuple. Ils laissent le peuple végéter dans la misère et s’érigent en donateur de Fonds ou deviennent des exploitants des richesses de leurs peuples. Des comptes à l’étranger, des caisses noirs, dépositaires des devises dans les banques huppées, ils sont passés maîtres dans les orgies : et le peuple a faim et soif !

    Par M.A

     


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