• L'éditorialiste avait-il communié avec les dieux? il a dit et il s'est produit. La rencontre du Palais de la Mariana a eu lieu à une différence près dans les mêmes conditions. Les syndicalistes, les frondeurs comme l'appelle, l'éditorialiste, ont été reçu dans la matinée d'hier, dans la salle d'audience plutôt que dans la salle du peuple de la Marina. Entre les ministres et le groupe des facilitateurs, le président de la République a passé au peigne fin, les différents points, objet de polémique sur la plateforme revendicative. Un nouveau protocole d'accord a été signé, résumant et élargissant le premier. Cependant, des doutes restent "suspendus" dans la tête des syndicalistes qui sont en relation verticale et horizontale avec leur base. Mieux ils ont promis rendre compte à la base avant toute levée de motion de grève. Il y a-t-il raison d'espérer un dégel de la crise, tant cet adage reste valable: "Chat échaudé craint l'eau froide?" Avant de répondre par un "Oui" ou un "Non", lisons un extrait du protocole d'accord:

    Par Joachim BOGAN

                                     Extrait du 2è protocole d'accord

    1-Sur les défalcations de 2014, le Président de la République a confirmé leur restitution.
    2-Au sujet des défalcations de 2012 : en raison de ce que les enseignants ont rattrapé les temps de grève en sacrifiant leurs congés, le Chef de l’Etat a instruit le Ministre de l’Economie et des Finances pour en évaluer le coût et proposer les conditions de leur restitution au titre de compensation en tenant compte de la nécessité du respect du cadre macro économique retenu avec la Mission du Fonds Monétaire International (FMI) lors de la dernière revue.
    3-S’agissant de la demande des enseignants relative au bénéfice de revalorisation de 25% du traitement indiciaire, le Président de la République a rappelé que cette demande est reversée au cadre de concertation pour étude et propositions à faire.
    4-Sur les questions des libertés publiques, le Président de la République, tout en prenant note des déclarations des syndicalistes victimes auxquels il a présenté les excuses de la république, a rassuré les syndicats que des dispositions sont prises afin que les événements du genre du ceux du 27 décembre 2013 ne se reproduisent plus.
    5-Au sujet du relèvement du Préfet de l’Atlantique-Littoral et du Commissaire centrale de Cotonou, le Président de la République a indiqué, tout en prenant note des doléances des syndicats, que les éléments à sa disposition à l’étape actuelle, ne lui permettent pas de prendre une décision conséquente et qu’il est souhaitable de laisser poursuivre la procédure en cours devant les juridictions compétentes.
    6-Sur la question des concours organisés, le Président de la République a rappelé que la Commission instruite pour connaître du dossier déposera son rapport au plus tard le 17 mars 2014 et que le Gouvernement avisera à partir du 21 mars 2014.
    7-En ce qui concerne le relèvement du SMIG, le Chef de l’Etat a demandé que le décret y relatif soit présenté en Conseil des Ministres pour approbation.
    Enfin les points évoqués en divers ont concerné :
    -l’actualisation du décret portant cadre de concertation au sujet duquel des instructions ont été données aux fins de procéder à ladite actualisation dans les meilleurs délais ;
    -la poursuite des négociations par les ministres avec les syndicats au niveau sectoriel ;
    Au terme de la séance de travail avec les centrales syndicales présidée par le chef de l’Etat, les secrétaires généraux, en ce qui concerne la levée de la motion de grève, ont promis de se référer à leur base pour compte rendu.


    votre commentaire
  • Tu viens encore en 2014 et je redoute tes élans de guerrier. En 2012, tu as fait tressaillir mon cœur comme tu le fais encore maintenant. Que me vaut encore l’honneur de ta visite ? Je t’en conjure, dépose ici tes armes et viens signer le traité de paix. Je suis le shérif de ces lieux, mais je renonce à faire la guerre avec toi. Une fronde sociale, sur fonds de bataille syndicale, de revendications légitimes, a été lancée depuis le 30 décembre 2013 suite à une répression policière, sanguine, de syndicalistes qui voulaient marcher. Erreur monumentale, zèle, tentative de confiscation des libertés chèrement acquise depuis l’historique Conférence des Forces vives de la Nation, de février 1990. Voilà la goutte d’eau qui a débordé le vase ; victimes et jaloux de leur liberté d’expression, d’opinion, les syndicalistes, commandants attitrés de ces cités et défenseurs des intérêts matériels, moraux et professionnels des hommes que j’emploie, ont appelé Mars au secours. Dans 48 h exactement, heure pour heure, jour pour jour,  le Bénin se souviendra de Mars comme en 2012. Je m’en souviens d’ailleurs, ce 12 du mois de Mars 2012, où la crise sociale, qui avait pris son envol en 2011, avait atteint son paroxysme en 2012. Pour sonner la fin de la création, le président de la République, le chef de l’Etat, chef suprême des Armées, Grand Maître de l’Ordre, avait décidé d’inviter à la Marina, les présidents d’Institutions, les syndicalistes, les frondeurs, les parents d’élèves, les Azon, les élèves et autres. Que ne fut la surprise générale : le chef, après une introduction dithyrambique, avait voulu écouté les frondeurs, qui ont osé secouer la République par des grèves cycliques, et tacitement reconductibles. Les uns après les autres, les Secrétaires Généraux des Centrales et Confédérations syndicales, ont parlé devant le chef suprême des Armées sans trembler ; certains avaient gardé leur franc-parler ; et cela n’avait pas plus au chef, heureusement qu’il y avait plus de raison que de sentiments : c’était la première surprise. Les Azon, au nom d’une certaine association des parents d’élèves, s’était agenouillé devant le chef, lui demandant de pardonner, et demandant aux syndicalistes de reprendre les cours par amour pour les enfants béninois. Les comportements et les propos d’Azon avaient trahi sa conviction du moment : c’était la deuxième surprise. La température avait monté dans la grande salle du peuple de la Marina. Le chef pris enfin la parole, réclama le respect des Institutions de la République et exigea qu’on l’appela « Monsieur le Président de la République » et non « Monsieur le Président ». La mégalomanie avait la préséance sur le règlement de la crise ce jour-là : troisième surprise. Le clou de la rencontre avait été le brandissement du contrat administratif de tous les enseignants grévistes, les menaçant de radiation pure et simple, si la grève se poursuivait, sauf faveur spéciale du chef. C’était la quatrième surprise de la journée. La fin de la récréation avait été sonnée ainsi, après un protocole d’accord, mentionnant la restitution des sous des travailleurs défalqués. J’avais été témoins des faits ; Vous vous en souvenez ! 12 Mars est encore à nos portes et je redoute encore ce scénario, qui n’avait rien de bienséant ; je redoute encore 19 Mars 2014, sosie de 19 Mars 2012, qui avait consacré le mot d’ordre de la grève sur le tas, un moyen séditieux que le Front d’Action des Trois Ordres de l’Enseignement avait trouvé pour proprement duper les grévistes, puisque j’avais ouï dire que des syndicalistes au lieu d’aller conclure un accord avec le pouvoir, avait plutôt conclu un deal. Je veux croire que Mars a une histoire dans la vie du Dr Yayi Boni, mais je redoute Mars, belliqueux, qui cristallise maintenant les passions et fait déchaîner les foules sur les préfectures, les directions départementales des enseignements, le Parlement. Dans la langue ashanti, l’Harmattan traduit le vent chaud et sec qui souffle de décembre à mars en Afrique de l’ouest. Si Sembène Ousmane, né à Casamance, a écrit L’Harmattan, c’est pour fait comprendre le cri, le sanglot qui signifie en même temps la remise en cause du passé et une prise de conscience pour bâtir l’avenir de l’Afrique. Je ne sais pas si vous me comprenez ! Je reste ici assis devant la grande salle du peuple, pour en appeler à la conscience des gouvernants qui gouvernent la cité et supplier Mars, le dieu de fer de déposer ses armes pour que sa colère se calme.

    Par Martin Aïhonnou


    votre commentaire
  • Après le 5è round des négociations gouvernement/ centrales syndicales, qui s’est soldé par un échec, le chef de l’Etat, le Dr Boni Yayi, a préféré aller à la télévision délivrer un message pour couper court à la fronde des syndicalistes, en décidant de rétrocéder les défalcations opérées sur les deux mois de grève. Est-ce une manière de dire aux syndicalistes n’attendez plus rien, où redoute t-il un face-à-face avec ces derniers ?

    Par Joachim Bogan

    Les syndicalistes impliqués dans les mouvements de débrayages en cours ont été désagréablement surpris de constater le vendredi 28 février dernier, que le père de la Nation, le Dr Yayi Boni, a royalement ignoré la commission de négociation qui a successivement négocié aux 1er, 2è, 3è, 4è et 5è round avec les syndicalistes, pour conclure à lui seul les  négociations. A en croire les Secrétaires généraux des Centrales syndicales, signataires de la motion de grève en cours, « ce n’est pas à la télévision qu’on conclue les négociations » ; ils estiment que le président de la République et son gouvernement semblent ignorer les principes de négociation. Malgré, la promesse du chef de l’Etat de rétrocéder les défalcations, opérées en 2014, les centrales syndicales, refusent de lever leur mot d’ordre et d’appeler à la reprise du travail, pour la simple raison que la rétrocession des défalcations n’était pas la revendication principale contenue dans la plateforme revendicative, du 7 janvier 2014, date du déclenchement de la grève d’avertissement. A cette étape de la crise, que reste t-il à faire ? Appeler à un 6è round ? Ou bien décider de rencontrer les syndicalistes, de les écouter, de leur dire droit dans les yeux, ce qui a été dit à la télévision ? Il y a-t-il une crainte à convoquer les syndicalistes à la présidence comme ce fut le cas en 2011 ? Un choix doit être fait et le président de la République doit rapidement autoriser le 6è round pour donner corps à sa promesse ou appeler les syndicalistes pour un apaisement de la crise sociale qui perdure dans les secteurs majeurs de la vie sociopolitique du pays.


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires